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Le réemploi en frigo connecté : une bonne idée ?

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8
Min
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2023
Le réemploi en frigo connecté : une bonne idée ?

En devenant signataire de la charte sur la restauration livrée en 2021, Foodles participe aux travaux pilotés par le Ministère de la transition écologique afin de sortir du plastique. À ce moment-là, tout l’écosystème se positionne autour de la consigne qui apparaît comme la “solution miracle” face au tout jetable. 

Ce qui éveille notre curiosité et nous pousse à nous intéresser concrètement au sujet : pouvons-nous mettre en place un système de consigne viable écologiquement (plus intéressant qu’un contenant jetable) et économiquement (à un prix acceptable pour le client final notamment) ? Si oui, quel matériau utiliser afin de réduire notre impact environnemental ? 

Après plus de deux ans de tests à grande échelle, nous vous dévoilons quelques leçons sur ces projets.


Foodles teste la consigne 

En 2021, Foodles initie un ‘test consigne’ en choisissant tout d’abord des contenants en verre ultra-résistants, et ce, malgré les réticences de nos traiteurs partenaires.

Avant tout, il nous est apparu crucial de développer un meuble sécurisé pour permettre le retour des consignes dans l’espace de restauration ; un système relié à notre monétique avec un montant avancé par le convive, ensuite rétribué au retour du contenant.

L’idée est vraiment que l’expérience convive soit la plus simple possible avec seulement un code barre à scanner au moment de la dépose du plat dans le meuble prévu à cet effet.


Des débuts déceptifs

Après des mois de tests à grande échelle et sur un panel de clients représentatif (une vingtaine), nous commençons à avoir de sérieux doutes sur la viabilité du modèle.

En effet, malgré tous nos efforts (meuble sécurisé, processus logistiques adaptés et opérés en propre, communication soignée et appuyée), nous obtenons des taux de retour faibles : entre les pertes (contenants non rendus par le convive) et la casse, nous ne parvenons à effectuer que 7 cycles en moyenne sur nos contenants (soit 7 réutilisations du contenant).

Plus grave encore : malgré tous nos efforts de manipulations, nos contenants en verre se brisent parfois (nous revenons sur cette expérience juste ici) ; ce qui nous contraint à passer sur des contenants en résine pour la suite de nos tests. 

Malgré ce changement de contenant, les taux de retour demeurent identiques car à la casse du verre se substituent les faiblesses de la résine face aux rayures (rendant les contrôles bactériologiques incompatibles avec une remise en circulation) et au teintage (le contenant prend rapidement la couleur des sauces).


Confronter attentes et réalité : l’ACV

Un peu chahutés par ces premiers résultats, nous décidons de diligenter une Analyse de Cycle de Vie (ACV) auprès de Greenly pour savoir si la consigne est en effet une bonne idée écologique (et surtout compatible) dans notre cas d’usage. Nous souhaitions trouver le packaging ‘idéal’ pour notre modèle de distribution de repas livrés dans des frigos connectés.

L’objectif de l’ACV est de mesurer l’impact sur 16 critères environnementaux des trois solutions de packaging possible : le verre consigné, la résine consignée et la bagasse jetable (emballage en pulpe de canne à sucre et amidon de maïs) en tenant compte de notre schéma opérationnel et de nos contraintes métiers.

Synthèse de notre ACV :

Quels résultats pour la consigne ?  

Le résultat de cette ACV est sans appel : il faut pouvoir réutiliser le contenant en verre 400 cycles (soit 400 fois) pour qu'il soit plus vertueux qu’un contenant jetable en bagasse et 21 cycles pour un contenant en résine. 

Pour vous donner un ordre d’idée, 1 cycle chez Foodles, c’est environ 15 jours, donc :  

- pour la résine, cela représente environ 1 an d'utilisation 

- et pour le verre c'est environ 16 ans (oui… 16 ans !)

Nous sommes donc très loin, avec 7 cycles moyens de récupération atteints lors de nos tests évoqués plus haut. 

Surpris par les résultats de l'analyse Greenly, nous décidons de mandater un autre organisme indépendant - Aktio - qui confirme les chiffres et donc notre conviction sur le sujet : la bagasse jetable est beaucoup plus écologique que la consigne (quelle que soit sa forme) dans nos métiers de restauration livrée. 

Ce n’est pas le contenant parfait mais c’est la solution la plus appropriée à date.

De plus, au-delà de l’aspect écologique, nous avons chiffré le coût de la consigne dans notre cas d'usage (transport, lavage, perte induite de la faible utilisation du contenant) à environ 2€ par repas environ. Une somme difficilement supportable pour nos convives dans le contexte inflationniste actuel.

Il n’existe pas d'emballage parfait, mais une chose est sûre : la consigne n’est pas adaptée à notre modèle de distribution car nous ne parvenons pas à un taux de réutilisation suffisant pour en justifier l’usage.

Par ailleurs et comme le démontrent nos différents bilans carbone scope 3, l’emballage est important, mais il faut aussi s’intéresser au contenu de l’assiette pour limiter l’empreinte carbone d’un repas. C’est un sujet délicat que nous nous attellerons à traiter dans un prochain article.